richardrubin

Haïti debout

La position géographique d’un pays dans le monde génère douceurs climatiques et catastrophes naturelles. Haïti, cette première république noire indépendante, hérite d’un climat paradisiaque dans lequel les brises de la mer caressent le visage des anges noirs qui y habitent. Un pays, réchauffé par un soleil de plomb durant une bonne partie de l’année. Un café noir bien serré servi avec des biscuits (pains traditionnels) pour admirer le levé du jour. Ayibobo (bienvenue en Haïti) !

12 janvier 2010, quatre heures cinquante-cinq de l’après-midi, la capitale haïtienne a mordu la poussière, dans tous les sens du termes. Dans une atmosphère chaotique, dans un déferlement de tristesse, des êtres humains morts ou blessées n’ont soudain fait plus qu’un avec des maisons complètement détruites. Décombres ! C’est le terme utilisé pour qualifier ce mélange et pour rendre un peu d’humanité à plus de trois cent mille âmes disparues dans la région métropolitaine de Port-au-Prince et ses environs.

Anmwey (au secours) ! Des enfants, des jeunes, des vieillards, des nantis, des pauvres, des édifices publics et privés, des sites historiques et touristiques, un cocktail (Molotov) constitué de chair, de sang, de fer et de ciment était lancé contre le terroir. Haïti est à genoux !

La solidarité de la communauté internationale n’allait pas tarder à se manifester à travers la Commission Intérimaire pour la Reconstruction d’Haïti (CIRH). Plusieurs milliards de dollars ont été promis afin de soutenir un plan de relèvement national. Les ONG ont commencé à affluer en nombre, les unes empiétant sur le travail des autres. Mais dans toute cette effervescence, aucune vraie solution durable ne s’est dessinée. Tout était une campagne de communication !

Dix ans plus tard, cette aide tant attendue s’est volatilisée dans la nature, et les séquelles de cette catastrophe sont encore visibles dans les blessures des centaines de personnes estropiées et dans les ruines dans l’aire métropolitaine. Où est passée cette assistance mortelle aujourd’hui ?

Ce qui a toujours été la richesse d’Haïti, la force de travail de ses vaillants fils et filles, tant convoitée par des puissances coloniales à un moment de l’histoire et élément matriciel de la globalisation, demeure intacte. Alors crions ensemble ce cri de ralliement ancestral : levez-vous, jeunesse haïtienne ! Debout ! Debout ! Debout !


Viol entre conséquences et perceptions sociales

Le viol, un déshonneur pour la victime quelle que soit l’issu du procès ! Dans un pays où l’on s’accroche encore à des valeurs qui tendent à perdre toutes formes de significations et de sens dans les grandes civilisations. La magie d’être le premier homme de la vie d’une femme conserve toujours une importance significative pour plus d’un. Le fait pour une fille de subir la brutalité d’un viol revêt d’une compréhension plutôt particulière. La sanction sociale et morale infligée à la victime, sont beaucoup plutôt dures que celle judiciaire appliquée au coupable.

Malgré des luttes constantes des organismes féminines, le fait de dire qu’elle s’est faite violée en lieu et place qu’elle a été violée montre l’implication pour ne pas dire la responsabilité de la fille dans son malheur. À la suite de l’acte crapuleux tout est scruté à la loupe: la mini-jupe qu’elle portait, sa coiffure, sa démarche, la façon dont elle était assise, tout et tout. Dans le seul objectif de démontrer sa culpabilité. Est-il vrai qu’un homme a le droit de violer une femme parce qu’elle portait des habits moulants, qu’elle s’était maquillée, qu’elle s’était assise et le V entre ses jambes sautait aux yeux ? À coup sûr vous allez dire Non, ô ce serait insensé de raisonner ainsi!

Mais la volonté de ne pas insérer les nouvelles technologies dans l’administration de la preuve (les outils de démonstration de la véracité des faits) devant les tribunaux rend toute tentative de punir les vrais coupables impossible. À chaque fois qu’un juge décide de condamner une personne pour viol, le doute qui entoure sa décision crée plus de polémique au sein de la basoche que la réparation d’un fait répréhensible qui a été commis. Avec ce sentiment d’insécurité généralisée sur la mission de la justice : donner à chacun ce qui lui est dût. Nul n’est à l’abri d’une condamnation injuste pour un pseudo viol !

En outre, les assistances psychologiques indispensables à la réinsertion de la victime dans la société sont encore au stade embryonnaire. Ces difficultés quant à la punition du vrai coupable du viol et d’un manque d’appui psychologique contraignent la grande majorité des potentielles victimes à refouler la douleur, la brutalité, la bestialité et le sentiment deshumanisant du viol.

Si les plus braves vont jusqu’au procès malgré l’étiquette d’allumeuse qu’elle aura à la fin,  la peur d’être obligée de laisser sa ville natale pour aller se reconstruire ailleurs paralyse bon nombres de victime de viol. Le silence devient la règle !

En outre, les assistances psychologiques indispensables à la réinsertion de la victime dans la société sont encore au stade embryonnaire. Ces difficultés quant à la punition du vrai coupable du viol et d’un manque d’appui psychologique contraignent la grande majorité des potentielles victimes à refouler la douleur, la brutalité, la bestialité et le sentiment déshumanisant du viol.

Si les plus braves vont jusqu’au procès malgré l’étiquette d’allumeuse qu’elle aura à la fin, la peur d’être obligée de laisser sa ville natale pour aller se reconstruire ailleurs paralyse bons nombres de victime de viol. Le silence devient la règle!


La politique éclipse un évènement planétaire

Quand la politique prime sur l’honneur.

 

J’ai été à une institution financière pour une transaction ordinaire quand un fait soudain vient frapper mon esprit. Je ne m’étais pas rendu là-bas pour espionner les gens, mais les murs ont des oreilles et en cet instant précis, j’étais le mur.

Mis à part de l’anxiété des agents de service qui subissaient l’impatience des clients, mis à part de ces derniers qui augmentaient la pression des agents de sécurité, j’observais un jeune qui se tenait devant cette institution, surveillant les va-et-vient des personnes. La panique commença par m’envahir quand un agent de sécurité l’observait aussi, lui a demandé de se déplacer devant l’institution. Ouf ! J’ai respiré une bouffée d’air. Dieu merci !

 

Dans la ligne interminable, je gardais le silence et écoutais les autres parce que comme le dit la maxime, la parole est d’argent, mais le silence est d’or.

 

Mais d’autres personnes impatientes ont préféré discuter pour tuer le temps. Les débats autour de la politique étaient vraiment houleux. À chacun son candidat favori, tous les pronostics autour des dernières élections sénatoriales et départementales, certains pensent que le parti Lavalas gagnera les élections d’autres pensent que ce sera PHTK. Certains pensent que les élections ont été fraudées d’autres pensent que non.

J’attendais avec impatience la tournure de la discussion au sujet de la Miss haïtienne, Raquel Pélissier qui vient de hisser notre bicolore aux Philippines. Mes oreilles étaient ouvertes pour écouter, qui a applaudi ce pas géant de la culture haïtienne parmi ces commentateurs, mais ma déception a été plus grande que mes attentes. Et sur les réseaux sociaux c’était l’information à l’une même si le manque d’électricité n’a pas permis à plus d’un de vivre ce grand moment. Mais pas ce petit groupe de client impatient qui possédait un ou deux smartphones.

 

Tant de questions me sont venues à l’esprit. Pourquoi avons-nous connu un tel succès qui pourra encourager nos jeunes femmes et que certaines personnes préfèrent primer un débat politique que d’en discuter ? À quoi sert notre progrès technologique où tout le monde est connecté sur les réseaux sociaux ? Quand soudain, l’agent de service m’a appelé pour me dire que c’était à son tour. Mais j’ai repris espoir quand j’ai laissé cette institution financière et dans un taxi, une douce musique d’Abner G me caressa les oreilles, Lavi pa fini.

 


La lecture et sa place chez les jeunes en Haïti

 

 La lecture sous les feux des projecteurs en tout début d’année!

À l’instar des grandes manifestations culturelles et artistiques avec la 7e édition de la journée du livre l’ECOLO JEUNE tente de ranimer une flamme qui a tendance à disparaître.

Depuis plusieurs années déjà un groupe de jeunes réunis sur le label ECOLO JEUNE consacrent une journée pour faire la promotion de la lecture. Et l’année 2017 n’a pas échappé à cette grande tradition littéraire.

Dans une ambiance cordiale ce samedi 21janvier sur la cour de l’école des Sœurs Salésiennes, des centaines de personnes toutes couches confondues étaient suspendues aux lèvres des auteurs et des écrivains présents à l’activité. Des comtes, des romans, des livres de développement personnel tout le monde pouvaient trouver quelque chose à son goût.

À côté de la musique que vous écoutez et des personnes que vous fréquentez, les livres que vous lisez constituent un matériau primordial parmi ceux qui façonnent votre personnalité. Un tel commentaire, rien de mieux pour éveiller la curiosité des participants, les interrogations : comment lire? Qui lit quoi?Pourquoi lire? ont été traités en cascade. Inciter les jeunes à développer un intérêt particulier pour la lecture et l’écriture à marteler James Peterson Noncent président de l’association juvénile.

Je me réjouis de pouvoir rapporter le bonheur que je puis lire sur le visage des jeunes en contact avec des auteurs comme : Garry Victor, Jessica Généus,  Billy Mondésir. Et Amos Sincir jeune président d’Haïti. Une jeunesse sous la férule d’un jugement rétrograde qui ne connaisse que le bòdègèt pour bon nombre de personnes.

Pour clôturer en beauté cette journée o combiens intéressants, une soirée de Gala s’invite de la partie. Le café D’Val était le théâtre d’un renouveau culturel à la ville des Cayes un spectacle hors pair minutieusement préparé a été offert au public. Les artistes de la troisième ville du pays ont fait parler leur talent pour présenter une soirée en l’honneur de Jessica Généus invitée de marque à la journée du livre cette année! Chanteurs, chanteuses, diseurs, ont rendu au centuple ce que le public attendait d’eux. Un cocktail à la couleur locale avec des classiques du terroir notamment d’Emeline Michel.

Dans un mélange de mots comparable à un morceau de Mozart magnifiquement exécuter le talentueux slameur MAGIC a provoqué un orgasme auditif de tous les spectateurs, pour reprendre ses propres propos. Sous le tam-tam du tambour, instrument incarnant la force et l’envie de vivre de la race noire, retentit les douces paroles des autres artistes.

Maintenant, il reste à sensibiliser les participants à faire de la lecture une activité quotidienne au même titre que le manger et le boire. L’équipe vous donne rendez-vous l’an prochain pour la 8e édition.

Je lis et vous?


La culture au service de l’éducation

Un homme, un amant de la culture haïtienne, Yves-Ner Perrin, le dernier souffle d’une culture au mal-en-point.

 

Éducateur de profession, Yves-Ner Perrin enfile le costume de gardien d’une culture qui ne demande qu’à être vendu au monde entier. Ce n’est qu’en 2003, que débute l’épopée du natif de Camp-Perrin à la radio Vision Éclair de Port-au-Prince en faisant office de présentateur de l’émission socioculturelle Plateau des Jeunes. Étant formé à l’école mannequinat de Magalie Adolphe Racine et de Michel châtaigne deux Figures très connues du monde culturel haïtien. Et en s’appuyant sur ses expériences dans le domaine de la communication, Yves-Ner en collaboration avec Jean Renel Sénatus a lancé le concours de Miss Ganthier en été 2008. Du fait de sa créativité et son sens de l’innovation la première édition a connu un succès hors pair, à cette première édition succèdent trois autres respectivement en 2009, 2010 et 2011.

Un retour au bercail pour donner à son travail ses lettres de noblesse.

À la suite du passage du tremblement de terre du 12 janvier 2010 Yves-Ner a conclu que l’heure était venue pour lui de venir s’installer définitivement chez lui à Camp-Perrin. Toujours guidé par son credo plaire et instruire par la culture, il a apporté à la jeunesse camp-perrinoise assoiffée d’un espace sain de divertissement le concours Miss Camp-Perrin. Accueillies favorablement par une jeunesse en manque de repères culturels, les éditions de 2012 et de 2013 témoignent de leur gratitude envers l’initiateur de ce réveil culturel.

 

Et pourquoi pas les garçons? À partir de questionnement l’ingénieuse idée d’impliquer le genre masculin a fait surface. En 2014, le concours a connu une nouvelle tournure Miss et Prince Camp-Perrin devenait la nouvelle appellation de l’événement culturel de l’année dans le Sud. La plus grande salle de spectacles de Camp-Perrin frère Thomas Night-Club n’était plus en mesure de recevoir cette avalanche de personnes. La nouvelle sonne comme un coup de tonnerre. Tout le Sud veut en profiter de ce beau spectacle. En 2015 et 2016 Princes et Princesses devient un concours départemental organisé dans le chef-lieu du département du Sud, la ville des Cayes.

Pourquoi la culture?

Un peuple sans culture n’existe pas. Je ne suis qu’un maillon dans la chaîne. Voir la culture haïtienne pérennisée au-delà d’Yves-Ner Perrin mon plus grand souhait affirme-t-il lors de notre entretien! Un seul mot pour qualifier l’engagement de ce combattant dans la sphère de la culture ‘’FOLIE’’.


Président sans pouvoir versus Premier ministre plénipotentiaire

La campagne électorale de la présidentielle de novembre 2016 s’était clôturée le 18 du mois en question. Les promesses de campagne pleuvaient de partout allant des plus farfelues jusqu’au plus réalistes. Le choix du prochain chef de l’État sera fait en fonction de la vision du monde de ce dernier élaborée dans ses promesses. Mais quand la Constitution du 29 mars 1987 amendée dépouille le président de toutes autorités politiques pour les conférer au chef du gouvernement en l’occurrence le Premier Ministre, on se questionne sur la finalité des promesses des candidats à la magistrature suprême de l’État haïtien.

 

Les articles 136 à 154 de la constitution en vigueur élaborent limitativement les attributions du président de la république et il ne détient aucun pouvoir réel. Par contre, le chef du gouvernement qui est choisi selon le cas soit parmi les membres du parti ayant la majorité absolue au parlement, la seule fois que cette situation a été possible fut en 1996 avec Rosny Smart comme Premier ministre. Soit par le président de la République en consultation avec le président du sénat et celui de la Chambre des députés conduit la politique publique de la nation.

 

Comment un candidat à la présidence devenue président peut-il combler les attentes de ses mandats quand il n’a pas les moyens politiques nécessaires? Pourquoi un président de la République élu au suffrage universel direct détient-il moins de marche de manœuvre politique qu’un Premier ministre nommé? Il n’est à noter que le locataire de la primature n’a jamais pris un quelconque engagement vis-à-vis de la population. Les priorités de tout gouvernement se trouvent dans la loi de finances et cette dernière étant élaborée par le ministre de l’Économie et des Finances reflète à coup sûr les aspirations du supérieur hiérarchique du ministre de l’Économie. Car il n’est pas redevable par-devant le président de la République, mais devant le chef de la primature, situation conflictuelle que quelque Premier ministre exploite pour élaborer leurs agendas politiques.


Résultats partiels de la présidentielle, plus qu’une surprise

Et si le scrutin du 25 octobre dénoncé comme une vaste campagne de fraude, n’était qu’en réalité la volonté souveraine des électeurs. 9 jours après la tenue des élections du 20 novembre 2016 le conseil électoral provisoire (CEP) dirigé par Léopold Berlanger a publié les résultats partiels. Après plusieurs heures d’attente dans une atmosphère non sereine le directeur exécutif de l’institution électorale annonce l’arrivée en tête de lice de Jovenel Moïse le protégé de l’ex-président Michel Joseph Martelly avec un score de 55.67%.

L’opposition toujours au second rang

Jude Célestin le candidat de la Ligue alternative pour le progrès et l’émancipation d’Haïti (LAPEH) vient en deuxième position avec un total de 19.52% des votes. Le candidat de la plate-forme politique Pitit. Desalin, Jean-Charles Moïse qui a mené une lutte acharnée contre les dérives de l’administration de Michel Martelly complète le podium avec un score 11,41%. Malgré la participation active de l’ancien président Jean Bertrand Aristide dans la campagne électorale de la candidate de son parti Fanmi Lavalas, Maryse Narcisse s’est finalement contente de la quatrième place avec 8.99% des votes.

Et les 23 autres candidats partagent les votes restants. La période de contestation débutera le 3 décembre et le 29 décembre est retenu pour la publication des résultats définitifs. Dans ce laps de temps la montée d’adrénaline chez la population va se faire sentir à nouveau.

Le verdict des urnes garde une certaine constance

Cependant, il est à noter que les résultats de l’élection présidentielle du 25 octobre 2015 annulée pour fraudes massives sont quasiment identiques avec ceux du 20 novembre 2016 à l’exception de Jovenel Moïse qui est élu dès le premier tour selon ces résultats préliminaires.

 

Il y a lieu de mettre en doute la bonne foi des acteurs politiques locaux qui étaient les premiers à demander de jeter dans les poubelles de l’histoire des élections qui coûtaient 100 millions de dollars US à l’État haïtien, qui ont été grandement financées par la communauté internationale.

 

 

 


Élections 2016 : implication de la population haïtienne

 

 

Coincés dans un processus électoral depuis 2015, les électeurs haïtiens ont voté le 20 novembre dernier pour élire un Président et des parlementaires. Sans grandes affluences les plus assidus ont emprunté le chemin vers les urnes pour renouveler les personnels politiques, notamment un Président provisoire qui n’avait pas reçu la bénédiction populaire. Avec 27 candidats à la présidence soit la moitié de ceux de l’élection de l’année dernière, des aménagements sur le plan logistique et des dispositifs de sécurité de la police. Le jour du scrutin s’est déroulé dans une atmosphère sereine. Sous un ciel nuageux les quelques sudistes, qui croient encore dans l’avenir d’une démocratie naissante, se sont également rendus dans des centres de vote pour exercer leur droit de vote.

 

Si les élections d’octobre 2015 se sont vues jetées dans les poubelles après une vaste campagne de dénonciations des leaders politiques, des défenseurs des droits de l’homme, des hommes de médias, des personnes de la société civile pour fraudes massives. En autres bourrages d’urnes, falsifications des procès-verbaux, celles de novembre 2016 sont loin de cette réalité politique.

 

Cependant, malgré l’enjeu crucial que représente cet exercice démocratique les électeurs haïtiens a une nouvelle fois boudé cette rencontre avec ceux qui aspirent à prendre les rênes du pays. Ils manifestent clairement une espèce de désintéressement à l’égard de l’avenir politique du pays. Le faible taux de participation que les organismes d’observation ont enregistré soit 22 à 24% témoigne de cet état de fait. Le sentiment de ras-bol alimenté par le caractère immuable de leur condition de vie en dépit des choix de nouveaux dirigeants politiques dans le passé reste et demeure la cause principale de la non-participation du plus grand nombre.

 

Inscrit dans la charte fondamentale du pays la tenue des élections maintient la vie démocratique en dépit de ses faiblesses. A fortiori elle donne à la population l’opportunité de choisir des dirigeants qui aspirent à changer le lendemain de ses mandants. Mais quand la situation socio-économique de la grande majorité de la population se dégrade de jour en jour beaucoup plus malgré les divers changements dans l’appareil étatique les électeurs s’interrogent sur le sens et la finalité du vote. Pourquoi voter quand rien ne change?


L’union libre une autre manière de concevoir la vie à deux

Passée dans le creuset de la religion et des mœurs,  la constitution des couples doit obéir à la loi du mariage pour avoir toute sa légitimité. Vivre maritalement jadis considéré comme une entorse à l’ordre social est en passe de devenir le modèle de couple le plus répandu en Haïti. L’union libre n’apparait plus comme un élément négligeable.

 

Qu’est-ce qui explique cet état de fait? Est-ce une forme de désacralisation du mariage? La réalité sociale évolue en fonction des exigences de l’heure. Si le mariage a été perçu pendant longtemps comme la rencontre de deux familles, cette tendance tend à diminuer pour voir dans ceci la mise en commun de deux personnes distinctes. Partir de cette compréhension du mariage, l’union libre n’est plus considéré comme l’antichambre de ce dernier, mais un essai avant de se passer la bague au droit.

 

Dans d’autres cas le concubinage est la voie choisie par deux personnes pour vivre ensemble sans avoir l’intention de légaliser  cette relation. Sur 10 couples hétérosexuelles constituées en Haïti plus de la moitié vit dans l’union libre. Prenons en exemple un couple qui vivait dans l’union libre pendant plus de 47 ans, la réputation dont jouissait la femme comme étant épouse de son concubin était  de taille. Elle dépassait de très loin même celle de véritables épouses.

 

La protection de ceux qui vivent en concubinage s’avère une nécessité maintenant. Comme des époux, des concubins, peuvent connaître des difficultés qui peuvent les pousser à se séparer. Mais il n’y a rien qui règle les modalités de séparation, des biens matériels le cas échéant.

 

Les plus conservateurs tiennent un discours semblable à leur image que les couples concubins s’étaient constitué en marge de la loi et ils doivent demeurer ainsi. Et que légaliser l’union libre s’apparente à élever cette dernière au rang de mariage de surcroît saper les fondements moraux de ce dernier. Mais l’injustice qui règne au sein des couples qui vivent maritalement dans certains cas doit interpeller les législateurs haïtiens pour encadrer cette société en miniature.

 


Familles, rêves et obligations

Vivre le rêve américain une situation aussi destructive que prometteuse pour des familles haïtiennes.

Les conditions socioéconomiques des haïtiens les poussent à migrer dans d’autres pays. Les États-Unis d’Amérique demeurent leur destination de prédilection, car ils  attirent la grande majorité de ses rêveurs d’un lendemain meilleur. La preuve en est bien grande, ce pays comporte la plus forte proportion de la diaspora haïtienne. Des célibataires, des personnes mariées, des jeunes, des vieux, des professionnels, toutes catégories confondues font le saut vers cet  inconnu. Et comme tout projet humain, les résultats varient toujours entre réussites et échecs.

La couche la plus vulnérable lors de cette séparation reste et demeure les familles. Une séparation de fait engendrée par les aléas de la vie. Cette dislocation des familles est la résultante d’une société prédatrice qui broie ses proies sous la couverture d’un mieux-être idyllique.

Cette diaspora haïtienne injecte, plusieurs millions de dollars us dans l’économie haïtienne chaque année. Cet argent permet à des enfants d’aller à l’école, couvre des frais d’hospitalisation, de fiançailles, de mariages, d’université et autres. Ces arguments ne vous suffisent-ils pas assez pour convaincre de l’indispensabilité de l’aide qu’amène la diaspora à la population?

De l’autre côté de la rive la décrépitude de la société à tous les échelons n’en demeure pas moins une conséquence de l’absence d’une figure parentale au sein des familles. Laisser l’épouse en Haïti pour aller travailler en terre étrangère afin de subvenir aux besoins de la famille est un acte héroïque. Mais faut-il, au nom d’un mieux-être économique, sacrifier la présence d’un parent ? Le déficit d’une figure d’autorité entraîne le plus souvent des conséquences beaucoup plus néfastes qu’une mauvaise condition économique : des grossesses prématurées, de la prostitution, de l’homosexualité, de la pornographie, des vols, du proxénétisme, etc.

Ce tueur silencieux, la migration des haïtiens à l’étranger, tend à devenir la règle dans un pays où la conception d’un avenir meilleur passe inévitablement par sa jouissance hors des frontières haïtiennes. Le dilemme est, de taille, laisser ses gosses crevés de faim ou les donner à manger au risque de produire des bombes destructrices à retardement.