Candidats sans discours politique

Article : Candidats sans discours politique
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5 octobre 2016

Candidats sans discours politique

Les électeurs haïtiens sont appelés à élire de nouveaux parlementaires pour compléter l’assemblée législative et un président le 20 novembre prochain. Débutée depuis plusieurs semaines, la campagne électorale bat son plein : des meetings, des caravanes, sont organisés par des candidats pourtant l’indécision persiste chez la plupart des électeurs. Nous assistons à une campagne aux allures carnavalesques avec des chars musicaux, des DJs, des groupes musicaux traditionnels (RARA) jouant les hits les plus populaires.

En signe de démonstration de leur mépris à l’égard des conditions infrahumaines de la population, ils sont accompagnés de cortèges de plusieurs douzaines de voitures, de centaines de motocyclettes et ils ont des billboard de plusieurs milliers de dollars us. Malgré tout 4 des 27 candidats à la présidence sont sortis du lot : Jovenel Moïse candidat du Parti haïtien tèt Kale, Jude célestin de la Ligue alternative pour le progrès et l’émancipation d’Haïti, Marise Narcisse de fanmi Lavalas et Moise Jean-Charles de la plate-forme politique pitit Dessalines.

Cette démarcation est-elle faite sur quelle base ? Ces 4 candidats bénéficient de cette légitimité en vertu de laquelle? Faisons un coup d’œil rétrospectif sur eux : Lavalas a déjà été au pouvoir à deux reprises, plus d’un finit par conclure que ces mouvances politiques ont tué tout espoir de l’implantation d’un régime de gauche en Haïti, car il a galvaudé l’essence du socialisme, mais pourquoi Marise bénéficie de cette sympathie populaire? Jovenel Moise Candidat du parti de l’ex-président Martelly qui vient de passer cinq ans au pouvoir sans réaliser une élection. Et maintenant il nous parle des rivières, du soleil, des personnes comme ressources pour développer le pays, mais Mr. Moïse, ces ressources n’existaient pas, il y a 5 ans de cela?

Après l’échec de Préval dans son plan macabre de passer le pouvoir en douce à Jude Célestin, en 2011, ce dernier a passé tout le mandat de l’équipe des crânes rasés sans dire mot; la corruption, l’insécurité, le chômage, la faim et d’autres maux rongeaient le pays pourtant, il continue dans son mutisme à outrance. Mr. Célestin qu’est-ce qui me garantit maintenant que vous êtes intéressé au sort du peuple haïtien?

Moise Jean-Charles ex-sénateur de la 49e législature qui a su construire une notoriété grâce à ces dénonciations intempestives des dérives de l’équipe Martelly. Et de surcroît exploite cette posture de défenseur de la masse pour se porter candidat à la magistrature suprême de l’État. Mais Mr. Jean-Charles qu’elle a été votre position quand vous devriez voter la loi d’urgence après le séisme dévastateur du 12 janvier 2010? Les intérêts de la classe défavorisée n’étaient pas encore à l’ordre du jour?

Chacun d’eux charrie leur lot de responsabilité dans la dégradation des conditions de vie de la population haïtienne soit directement ou indirectement. Cette acceptation apparente de la majeure partie des électeurs engendre, un désintéressement total des candidats dans cet exercice si important soit-il, la vulgarisation de leur projet de société. Le discours politique qui découle normalement de l’idéologie et de la philosophie du parti politique n’a pas été invité dans l’arène.

La population ne sait pas ce qu’ils pensent de l’éducation, de la santé, de l’énergie, de la sécurité, du tourisme, de la croissance économique, de la démographie, de la relation haïtiano-dominicaine. Des slogans bien charpentés par des activistes politiques semblent à leur goût combler ce devoir. La gestion de la cité ne saurait être confiée une nouvelle fois à des amateurs qui n’ont aucune vision de l’État et qui voient l’espace publique comme étant une source d’enrichissement.

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